Putain 10 ans déjà!
Rappelons-nous qu’en Juin 2002, un certain Bernard Butler – ex guitariste du
groupe Suede – produisait le premier single d’un jeune groupe
britannique nommé The Libertines. Le titre What a Waster fera son trou dans les quarante premières
places des charts singles anglais. Deux mois plus tard, le quatuor enregistre le
mythique Up The Bracket dans les studios blafards du grand Mick
Jones. L’album sort en Octobre chez
Rough Trade et mettra le groupe britannique dans la roue de The Strokes, The
Vines et The Hives.
VRP du retour des groupes à guitare anglo-saxons, Les Libs ont créés une
bannière DIY punk mixée à une certaine idée du romantisme. Car en plus de jouer du punk rock séminal, les membres du quatuor se prennent pour des esthètes modernes. L'avenir le confirmera. De Fin 2002 à début
2003, Pete et Carl vont lancer un nouveau concept visant à changer la l'interaction entre le groupe et son public. Pendant quelques mois, les Guerilla Gigs vont
secouer la culotte des adolescentes et les commissariats de police londoniens. Face
à des concerts sold-out joués dans des salles mirifiques de Grande-Bretagne, The Libertines s’attache à
annoncer le jour-même, sur Libertines.org, des concerts impromptues et souvent
organisé chez l’habitant.
L’un des plus remarquables est celui qu’ils ont organisé au 112a
Teesdale Street, le 21 Mars 2003. L’appartement, rebaptisé Albion Rooms, est
malpropre et stylé à la fois. Il est à l’image de ses deux locataires: Carl Barât et
Pete Doherty. Les deux loulous sont sur le départ. Ils décident donc de dépendre la crémaillère en grandes pompes en
y organisant un concert. A dix Livres l’entrée, l’événement réunira la bagatelle
d’une centaine de personnes. Quand on pense que la chasse d’eau des toilettes
ne marchait pas…
Le concert dure une trentaine de minutes oscillant entre les titres d’Up
The Bracket et d’autres plus obscurs du bootleg ‘Legs XI’. Les jeunes fans se
délectent d’être spectateur d’un moment si irréel. Mais la bulle romantique et
naïve laisse vite place l’irritation et la frustration. En plein milieu de ‘Times
for Heroes’, alors que la moitié des spectatrices commencent à se rêver un bisou
de Pete et que l’autre moitié est sous l’emprise d'herbes psychotropes, la
police déboule. Les casseurs d’ambiance à képis arrêtent le concert et essayent de virer l’audience. Les quatre libertins esquissent un regard et
commencent à entonner ‘Guns Of Brixton’. Les policiers la joue
fairplay et se contenteront d’arrêter le concert et non d'arrêter tout le
monde.
La dernière soirée à Teesdale Street a pris des allures de fiasco. Mais
un sublime fiasco comme les libs savent le faire. Dix ans après, Pete tangue
entre rehab et bouboulimie et son collègue Barât enchaine les ratés artistiques
(livre autobiographique et album solo).