mardi 24 avril 2012

112a Teesdale Street - Albion Rooms





Putain 10 ans déjà! Rappelons-nous qu’en Juin 2002, un certain Bernard Butler – ex guitariste du groupe Suede – produisait le premier single d’un jeune groupe britannique nommé The Libertines. Le titre What a Waster fera son trou dans les quarante premières places des charts singles anglais. Deux mois plus tard, le quatuor enregistre le mythique Up The Bracket dans les studios blafards du grand Mick Jones. L’album sort en Octobre chez Rough Trade et mettra le groupe britannique dans la roue de The Strokes, The Vines et The Hives.

VRP du retour des groupes à guitare anglo-saxons, Les Libs ont créés une bannière DIY punk mixée à une certaine idée du romantisme. Car en plus de jouer du punk rock séminal, les membres du quatuor se prennent pour des esthètes modernes. L'avenir le confirmera. De Fin 2002 à début 2003, Pete et Carl vont lancer un nouveau concept visant à changer la l'interaction entre le groupe et son public. Pendant quelques mois, les Guerilla Gigs vont secouer la culotte des adolescentes et les commissariats de police londoniens. Face à des concerts sold-out joués dans des salles mirifiques de Grande-Bretagne, The Libertines s’attache à annoncer le jour-même, sur Libertines.org, des concerts impromptues et souvent organisé chez l’habitant.

L’un des plus remarquables est celui qu’ils ont organisé au 112a Teesdale Street, le 21 Mars 2003. L’appartement, rebaptisé Albion Rooms, est malpropre et stylé à la fois. Il est à l’image de ses deux locataires: Carl Barât et Pete Doherty. Les deux loulous sont sur le départ.  Ils décident donc de dépendre la crémaillère en grandes pompes en y organisant un concert. A dix Livres l’entrée, l’événement réunira la bagatelle d’une centaine de personnes. Quand on pense que la chasse d’eau des toilettes ne marchait pas…



Le concert dure une trentaine de minutes oscillant entre les titres d’Up The Bracket et d’autres plus obscurs du bootleg ‘Legs XI’. Les jeunes fans se délectent d’être spectateur d’un moment si irréel. Mais la bulle romantique et naïve laisse vite place l’irritation et la frustration. En plein milieu de ‘Times for Heroes’, alors que la moitié des spectatrices commencent à se rêver un bisou de Pete et que l’autre moitié est sous l’emprise d'herbes psychotropes, la police déboule. Les casseurs d’ambiance à képis arrêtent le concert et essayent de virer l’audience. Les quatre libertins esquissent un regard et commencent à entonner ‘Guns Of Brixton’. Les policiers la joue fairplay et se contenteront d’arrêter le concert et non d'arrêter tout le monde.     

La dernière soirée à Teesdale Street a pris des allures de fiasco. Mais un sublime fiasco comme les libs savent le faire. Dix ans après, Pete tangue entre rehab et bouboulimie et son collègue Barât enchaine les ratés artistiques (livre autobiographique et album solo).