lundi 21 février 2011

Toe Rag Studios - Elephant



P‘tain, le deux février 2011, The White Stripes annonce dans un communiqué type lettre municipale qu’il ne faudrait plus compter sur eux dans le futur paysage musical. Ceux-là même qui avec leurs comparses The Strokes avaient jeté aux orties tous les groupes neo-metals et leurs guitares sept cordes.  Souvenez-vous qu’en juillet 2001, la doublette sortait White Blood Cells. Rien que les premières notes du LP (Dead Leaves And The Dirty Ground) reléguaient les Sum 41 au rang d’animateur de bal musette pour adolescents californiens. Tel The Stooges de l’époque annihilant tout psychédélisme, Jack et Meg auront clairement changé la donne. Quelle soit musicale ou esthétique d’ailleurs. 

Le duo noir-blanc-rouge n’avait pas son pareil pour engendrer des grognes rock foutrement arriéristes provenant directement de leurs viscères. Quand Meg besognait sa frappe binaire, Jack martelait des riffs incantatoires visant à raviver les fantômes de Robert Johnson (bluesman ayant vendu son âme au diable en échange de leçons de guitare) et The Sonics. Pour sûr, ce charme rétrograde sera le futur! Les artistes de l’époque le savent. En 2001, Michel Gondry fera ses expérimentations avec des Légos pixelisant sur le clip de Fell In Love With A Girl. 2002, Jim Jarmusch les invite à donner la réplique dans l’excellent Coffee and Cigarettes. Et l’année suivante, la doublette s’apprête à frapper un grand coup avec leur quatrième essai : Elephant.

 
Ce bijou a été enregistré dans un studio planqué dans les méandres de l’Est de londonien : Hackney.  Dans un quartier dérobé où l’on croise des cockneys titubant à toute heure se cache un petit havre pour les groupes vomissant l’aire digitale. Toe Rag Studios a vu le jour en 1991 grâce au passionné Liam Watson. Ce dernier a accumulé des machines d’enregistrements datant d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître.  Amplis des années 50, tables d’enregistrements chipées au studio Abbey Road et autres vieilles bécanes de la BBC peuplent ce lieu hors normes. La salle d’enregistrement doit faire 30m² et est un véritable capharnaüm où tous les musiciens enregistrent en live. Pas étonnant que les deux White s’y sont senti comme à la maison. Le dénouement n’en sera que plus détonnant.

Alliant explosions séminales et ballades lysergiques, Elephant mettra presse et public en accord unanime. Pourtant l’introduction de Seven Nation Army en avait surpris plus d’un qui avaient crié au scandale et de dire que Jack avait vendu son âme en utilisant une basse. Que nenni, le bougonnement sera vite assourdi puisque monsieur White a évidemment usé d’une vieille guitare bizarre et ultra désaccordée. Premier coup de génie donc. Le deuxième verra Meg faire son baptême de chant avec In the Cold, Cold Night. Ritournelle dénudée de froufrous où l’écouteur se pelotonne contre la poitrine de la batteuse trois minutes durant.

Salle d'enregistrement du Toe Rag

Néanmoins, Toe Rag n’a pas fait qu’un jackpot, Watson a mis en boite une bonne tripoté d’artistes dont on ne se cache pas d’admirer. L’américain Dan Sartain dont les acquaintances avec Jack White lui a permis de signer chez Third Man Records son troisième effort Lives (2010) qui est passé entre les machines du Toe Rag. On compte également Madness avec The Liberty Of Norton Folgate (2009), The Kills Keep On Your Mean Side (2003) ou encore le single de The Zutons Don’t Ever Think (Too Much) (2004) [liste non exhaustive mais indispensable à l’oreille]. Voilà le savoir-faire britannique mes petits lapins! Le studio de Liam Watson est un de ces paradis sans concession sachant redorer les albums studios de cette qualité spleenétique et âpre qu’est le son analogique. 
Plus d'informations : 
http://www.soundonsound.com/sos/oct03/articles/toeragstudios.htm 
http://wn.com/Toe_Rag_Studio 

jeudi 10 février 2011

Dublin Castle – Madness!


Quand on y va, la route est droite. Quand on en sort, généralement l’auguste qui a eu l’audace de pousser la porte du pub voit quelque courbes s’être ajoutées au chemin retour. Pas loin de la station Camden Town, The Dublin Castle est l’un de ces pub qui abrite une scène en ses bas-fonds où les jeunes groupes aiment s’y casser les dents ou jubiler. Gigs et Guiness, rien de bien étonnant au sein de la capitale anglaise. Oui mais.

Datant de début 1800, le Dublin Castle a principalement été édifié afin d’abreuver la navvy (DDE britannique) qui construisait les chemins de fer qui entourent Camden Town et Chalk Farm. Comme ces prolos venaient des différentes régions et pays des iles, parlaient différents patois et aimaient bien se faire la nique; des pubs dédiés à chaque nationalités ont été érigé dans le but de calmer les frictions internes. Un pour les écossais, un pour les gallois, un pour les anglais et le Dublin…pour les irlandais.   

Peggy et Alo Colon dans les années 60

Au départ, petit pub respectable et sans soucis, son curriculum vitae changera le 7 octobre 1979 lorsque sept hurluberlus aussi connu sous le nom de Madness, feignant d’être un groupe de Jazz, décident de semer la zizanie en organisant un concert de ska. Quelle n’a pas été la surprise des tenanciers Peggy et le regretté Alo Colon (cf. photo) en voyant arriver des bandes de d’jeun’s voire même des skinheads former le public du groupe dit de jazz. Si l’attentat était grossier, la soirée n’en sera que meilleure et le propriétaire irlandais proposera au groupe de s’y installer en résidence tous les vendredis. Ainsi, Madness sera la première pierre à ce qu’il va devenir une des cathédrale des pubs rocks londoniens. La vidéo entubée ci-dessous est extraite du film Take It Or Leave It et témoigne du climat électrique régnant lorsque les sept magnifiques étaient en représentation au Dublin Castle (à partir de 6 :21)


Et pour la postérité, le groupe y enregistrera même le vidéo clip du titre My Girl


Puis la machine est lancée, la décennie 80 continue à faire dans le ska mais aussi le revival rockabilly. Les années 90 verront les formations britpop faire leurs premiers pas sur la pitite scène. Ainsi, le 15 mai 1995, Blur ajoute un nom de plus à liste prestigieuse des groupes qui ont gigé au Dublin. Mais ce n’est pas tout, les années 2000 ont également leurs lots de bonnes surprises: les Arctic Monkeys encore boutonneux le 5 avril 2005, Travis (bâillement), The Libertines, Amy Maisonduvin et bien d’autres. En outre, iI n’est pas rare d’y croiser Noel et Liam Gallagher (Oasis), Pete Doherty ou encore les fidèles de Madness sécher quelque chopines.

The Arctic Monkeys, le 5 avril 2005

On les retrouve d’ailleurs encadré et exhibé au-dessus du zinc du Dublin. Preuve que le temps a réduit le ska au rang de fossile et le pub en musée. Les éternels nostalgiques de la période pourront toujours y aller faire pèlerinage, commander une pinte et mouiller l’œil. Mais on y va aussi pour voir des concerts à moins de £10 et profiter des lumières tamisées pour draguer la minette (ou le minet) toujours en abondance. Convaincu.e?  

vendredi 4 février 2011

BONUS !



Extrait du film Hard Day’s Night réalisé en 1964 avec The Beatles en tête d’affiche. Si Times Magazine le classe comme le quarante et unième film des cent meilleurs de tous les temps (rien que ça), ce long métrage est le premier mockumentary du style. Littéralement formé par mock (faux) et documentary (documentaire), Hard Day’s Night plonge deux jours dans la vie romancée des quatre garçons dans le vent et de la beatlemania. Le groupe prouve surtout qu’il a le sens de la comédie. John Lennon en était le plus friand. Fan invétéré de Peter Sellers, durant son adolescence, il s’enfermait dans sa chambre pour écouter the Goon Show à la radio. Le comique anglais sera la muse des gags du film.     

En outre, son titre n'a aucun sens et provient d’un lapsus que Ringo Starr avait lâché à un journaliste. Il aurait pu vouloir dire ‘It’s been a hard day’s work‘ ou quelque chose comme ‘we'd worked all day and we happened to work all night’. Un pur non-sens dont Ringo avait le secret. Pour la drôlerie, la phrase culminera en haut de l’affiche et sera source d’inspiration d’une chanson déjà culte.
 
Ritournelle qui se reconnait dès le premier accord de guitare. Coup de génie d'un George Harisson inspiré et armé de sa Gibson 12 cordes. Pour la petite histoire, le guitariste trouva sa future femme (Patricia Boyd) dans la foule féminine et criarde qui court sur le quai de la gare Paddington (première scène du film). Mais le pauvre guitariste à la coupe au bol se la fera chiper par un certain Eric Clapton. Un sale type qui a piqué la musique des noirs et les femmes des copains!
Hep, clique ici.