mardi 25 janvier 2011

100 Oxford Street - 100 Club


Souvent cité comme le CBGB londonien, le 100 club a vu sept décennies de formations Jazz, Pop et rock jouer sur sa scène riquiqui. Situé 100 Oxford Street, en plein cœur de Londres, cette petite entreprise familiale est l’une des dernière salle modeste à tenir bon (le Roxy et le Marquee ayant déjà passé l’arme à gauche). Faut savoir qu’Oxford Street est presque l’équivalant des Champs Elysées avec ses énormes magasins type HMV, T.Mobile, O2 et compagnie. Au milieu, de ces boutiques proprettes, il y a un vieux store cradingue à moitié défoncé et une vieille enseigne lumineuse délavée…c’est le Club !    

Ouvert en 1942 sous l’égide The Feldman Swing Club, le bon tenancier Lyttelton oubliait l’apartheid social qui empêchait les personnes de couleurs et les sans cravates de s’amuser. Halleluja! Entre 1951-56, c’est l’âge d’or du club où l’époque HeyDay. ‘Chaque soirs, on avait l’impression que ça allait marquer l’histoire de la musique’ avoue le vieux Lyttelton. Par exemple, Sydney Bechet se retrouva sur scène à jouer sans être au programme. Louis Armstrong y tapa le bœuf, une nuit, comme ça. Voici encore un sujet qui entra au panthéon des douze lieux qui ont marqué l’histoire du jazz anglais cités lors du Brecon jazz Festival 2009.

Le club attirait une large audience d’étudiants et de charmantes demoiselles. Entre cigarettes, jazz et petites pépées, les années cinquante plongent le club dans une ambiance bohème. Ça ne se dévergonde pas pour autant mais ça danse un max.  Pour l’instant, le public et les musiciens se contentent de boire du café, puisque le gérant n’a pas encore sa licence bar.

Puis, en 1964, un nouveau propriétaire arrive : La famille Hortons. La programmation commence à mélanger jazz, pop et va faire un coup de poker terrible qui lui vaudra sa renommée. Quand le 100 Club pourrait être qu’une scène classique ayant éculé de nombreuses formations anglaises, il fut un ingrédient majeur à l’émergence d’un type bâtard. Horton va faire confiance à un type bizarre Malcolm McLaren voulant que le 100 Club devienne la vitrine d’une nouvelle génération : le punk.

30 mars 1976 les Sex Pistols font leur premier gig avant d’y tenir une résidence tous les jeudis. Le 20 septembre 1976, Le club accueillera le premier festival Punk anglais. Ce dernier réunit sur la petite scène : Sex pistols, The Clash, Subway Sect, Siouxy and The Banshees (dont le batteur de l’époque était un certain Sid Vicious) et cocorico The Stinky Toys (avec le très dandy Jacno et la très belle Elli Medeiros). En 76, à peine le punk est lancé qu’il fait face à la haine et l’incompréhension. Joe Strummer décrit le festival du 100 Club comme un havre où les groupes peuvent (enfin) finir leur set peinard sans avoir à éviter les bouteilles jetées par les malintentionnés. 

L’aire punk ayant fanée en deux temps trois mouvements, le club rouvrit ses portes aux groupes jazz et rythm and blues. En outre, les années 80 voient l’apparition des nuits Northern Soul avec ses sélections de rares 45 tours faites par les meilleurs Disc Jockeys du pays. Danseurs de qualité avec chemises Ben Sherman fermées jusqu’au dernier bouton, sachez que ces all-nighters sont encore d’actualité. Egalement,  le label Subculture de la marque Fred Perry y organisait quelque glorieuses réunions. Ici, vous apprécierez Terry Hall et Lynval Golding (ex-Specials) reprendre avec maestria Friday Night, Saturday Morning en compagnie de Ben Gordon, Charlie Turner et Bryan Johnson (ex-Dead 60’s).  



Ce qui participe au prestige de ce lieu est que l’on croise des musiciens aussi bien sur scène que dans la salle. Mick Avory, le batteur des Kinks, avait ses habitudes durant les années 90 et venait tous les vendredis boire un coup avec ses potes. De nos jours, il n’est pas rare d’y croiser Paul Weller,  les membres des Arctic Monkeys ou de feu Oasis. 

Mick Avory au 100 Club - Merci à Chris pour la Photo

Malheureusement, en septembre 2010, le tenancier Jeff Horton annonça que le club allait certainement mettre la clef sous la porte. Le loyer augmentant terriblement et lui ne pouvant hausser le prix de la bière ou des billets d’entrée sur la même ligne que le marché immobilier. Le voici dans une impasse. Heureusement, de nombreux artistes se sont lancés dans une campagne anti-fermeture. Ainsi, Franck Black de The Pixies a mis la main à la poche et lâcha £100 000 pour sauver le club. Liam Gallagher et Mick Jagger ont apporté leurs voix à une pétition. Ray Davies suggèrera dans une interview, avec toute l’ironie qu’est la sienne, que Simon Cowell (principal actionnaire et jury d’X Factor) sauve le club. Le pauvre chanteur des Kinks a écumé une année difficile avec la fermeture de son Konks Studio [qui fera l’objet d’un article prochain mes petits lapins] et voit la musique anglaise prendre une sombre direction.

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